Les Visites dansées pour les musées
En 2007, alors qu'elle travaille en tant que guide-conférencière au Musée des Beaux-Arts de Nancy, Aurélie Gandit est saisie d'émoi devant La Bataille de Nancy de Delacroix. Le tableau, interprétation romantique d'un épisode de l'histoire de France, figure l'instant qui précède la mort de Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, aux mains des troupes lorraines. Épique, tragique, la scène trouve son intensité dans une composition étonnante, dans les lignes vives qui annoncent la mort du duc, dans l'expression d'effroi qui fige son visage. Devant la toile, la jeune guide improvise une danse. C'est le début d'un projet au long cours, qui fera l'objet de nombreuses commandes à travers les musées de France, jusqu'au Portugal.
Forte d'une double formation en danse et en histoire de l'art, Aurélie Gandit sollicite son corps pour inventer de nouveaux chemins d'accès aux œuvres. La rencontre avec l'art ne fait pas que nous plonger dans le passé, elle ramène aussi chaque œuvre à l'espace et au temps dans lesquels les spectateur•ices la regardent. Art de l'instant par excellence, dont l'écriture se métamorphose et se redéploie devant chaque toile et chaque sculpture, la danse rappelle à chacun que la rencontre avec l'histoire de l'art se fait toujours au présent.
Les chorégraphies muséales d'Aurélie Gandit se dessinent dans l'amour des œuvres, de leur diversité et de leurs particularités si souvent occultées. La chorégraphe et danseuse scrute le détail, et son attention s'arrête volontiers sur des œuvres délaissées par le parcours dessiné du musée. La danse devient une « courroie de transmission » entre le public et l'œuvre, réinventant leurs rapports et plongeant le•la spectateur•ice dans un régime d'attention nouveau et unique.